NIGER : Le pays en guerre, les enseignants contractuels en rébellion contre le CNSP et le Gouvernement
C’est un rappel, les proportions inquiétantes de la dégradation de la situation sécuritaire en dépit des différents accords de coopération militaire entre le Niger et certains pays occidentaux (France, Etats-Unis, Allemagne) ont conduit l’armée nigérienne réunie au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) à prendre les commandes du pouvoir d’Etat le 26 Juillet 2023. Selon toute vraisemblance, la rupture des accords de coopération militaire avec les forces militaires étrangères n’a fait qu’aggraver l’insécurité tant au Niger que dans la région du Sahel notamment au Mali et au Burkina Faso où ces forces étrangères ont été également chassées. Qu’à cela ne tienne, ces trois (3) pays désormais engagés dans une lutte souverainiste commune mutualisent les efforts pour mettre fin au terrorisme et au banditisme armé dans leur espace commun.
Il va sans dire qu’au Niger, depuis le 26 Juillet 2023, le pays traverse des moments les plus décisifs de son histoire : la reconquête de la souveraineté nationale. La souveraineté d’un peuple meurtri par plus d’un demi-siècle de fausse indépendance ne s’obtient pas sur un plateau d’argent. Elle s’arrache par des hautes luttes et si nécessaire au prix du sacrifice ultime comme c’est le cas pour des membres et proches des milliers de familles nigériennes endeuillées par le terrorisme. C’est donc une question d’honneur et de dignité d’un peuple résolument déterminé à défendre sa liberté. Dans ce contexte, le Niger a besoin de l’union de l’ensemble des forces vives de la Nation pour défendre la Patrie, soutenir les autorités et les forces de défense et de sécurité (FDS).
Malheureusement, c’est dans ce contexte de guerre, d’appel à la solidarité et à l’Unité pour la défense de la Patrie que les structures syndicales des enseignants contractuels ont surgi pour engager un bras de fer contre le CNSP et le Gouvernement. Ils ont décidé d’observer une grève de cent-vingt (120) heures sur toute l’étendue du territoire national du lundi 09 au Vendredi 13 juin 2025. En outre, dans leur rébellion et leur volonté de mettre le secteur à terre, ils ont décidé d’attribuer la note de 5/5, 10/10 ou 20/20 sur le bulletin de notes, à tous les élèves/apprenants du primaire, du secondaire, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.
Plusieurs interrogations se posent : La fin de l’année scolaire en période de guerre où des populations constamment harcelées par des terroristes qui saccagent écoles et dispensaires, est-ce un moment opportun de porter atteinte au droit à l’éducation des enfants du peuple ? Quel intérêt auraient réellement les enseignants contractuels à affliger aux populations cette peine supplémentaire ? Les enseignants contractuels ignorent-ils tous les dispositifs institutionnels en place ainsi que les mécanismes traditionnels en matière de négociations ou de médiation afin de faire prévaloir leurs revendications ? Aussi légitimes que puissent paraître leurs revendications, comment peuvent-ils se donner le droit de paralyser le secteur pendant 120 heures dans un pays déjà en pleine guerre asymétrique dirigée non seulement contre le Niger mais aussi l’AES ?
En temps de guerre, le corporatisme, la rébellion syndicale, les grèves des enseignants, scolaires et étudiants n’ont pas leur place d’autant plus que, s’agissant des enseignants contractuels, leurs revendications ne datent pas du 26 juillet 2023. L’Etat est une continuité certes, mais encore faut-il, faire preuve de patriotisme, citoyenneté responsable et de hauteur de vue pour défendre ses droits dans un Etat de Droit.
Mohamed Ibrahim / Niamey Soir