SOCIETE : Exploitation artisanale du natron dans le Dallol Bosso (Dosso), une activité rentable pour la femme rurale,


 

 

Exposition du natron au marché

Le natron est un produit local utilisé dans plusieurs domaines, notamment dans la cuisson de différents plats du terroir, la composition de certains remèdes traditionnels. D’autres l’utilisent comme détergent. Outre les différentes cultures agricoles et de contre-saison qui s’y pratiquent abondamment, le Dallol Bosso est également reconnu pour sa production artisanale en natron. Ce dernier a une place importante dans le tissu économique local. Plus précisément c’est la commune rurale de Fabidji, l’une des localités qui comptent le plus de sites d’exploitation artisanale du natron.

 

Etape de la cuisson de la matière

Selon M. Seyni Moussa, secrétaire général de la commune rurale de Fabidji, « La saison dernière, nous avons dénombré une quarantaine de foyers d’exploitation de natron. Pour la saison en cours, plusieurs autres exploitants sont venus s’ajouter ». Un ménage (foyer) compte en moyenne dix (10) exploitants. Le nombre d’exploitants de natron à Fabidji pourrait-être estimé à plus de cinq cent (500) personnes.

Extraction artisanale de la matière

La production du natron se fait en plusieurs étapes dont la première consiste à amasser le sable contenant la substance à traiter pour obtenir natron en question. Le sable prélevé est ensuite mis dans un récipient au fond criblé sous lequel est placé un autre ustensile destiné à recueillir l’eau avec laquelle le sable prélevé est lessivé. Le liquide ainsi obtenu présente toutes les caractéristiques d’une solution de natron. Le liquide sera bouilli longuement voire une nuit entière jusqu’à l’obtention d’une substance pâteuse permettant d’ébaucher la barre du natron autour d’une tige jonchée au sol.

 

Cet exercice est repris ainsi de suite jusqu’à l’obtention de la quantité nécessaire pour une barre de natron complète. « Pour avoir une seule barre de natron, on peut mettre au moins une semaine », confia Hawa Amadou, une productrice locale. En majorité, ce sont les femmes qui s’adonnent à cette activité rentable pour leurs ménages ainsi que la localité en général. Le peu d’hommes qui s’y intéressent viennent principalement de la zone de Balleyara. Assez souvent, Ils viennent accompagnés de épouses et enfants pour s’installer sur les sites d’exploitation de natron et ce, pendant la saison froide.

Des conditions de travail difficiles pour les femmes et les enfants

« Nous qui sommes du terroir, nos maris préfèrent pratiquer d’autres métiers moins difficiles ou aller en exode », a fait savoir Safia Halidou. Le natron se produit généralement pendant la saison froide, et les exploitants s’installent aux alentours des sites du fond de la vallée, dans des abris provisoires conçus à cet effet. Cette situation expose les femmes et les enfants au froid ainsi qu’aux maladies corollaires.

L’exploitation du natron dans la commune rurale de Fabidji se faits dans des conditions difficiles. le bois de chauffe utilisé devient rare dans la zone et la coupe abusive du bois est réprimandée par la loi. Mme Mamata Siddo, une autre productrice sur place s’inquiète : « si nous achetons régulièrement de bois de chauffe, nous risquons de perte à la vente ». A comprendre Mamata difficultés liées à l’approvisionnement en bois de chauffe et sa cherté ont fait que nombreuses exploitantes du natron ont abandonné cette activité. « Les productrices de natron ont besoin d’un accès facile au charbon minéral, vu la durée prolongée de la cuisson de cette matière », a témoigné le secrétaire général de la commune rurale de Fabidji. «  Aussi, l’usage massif du bois que requiert ce métier ne manquera pas d’impacter négativement sur l’environnement » a-t-il averti.

Le commerce du natron à Fabidji

Le natron localement produit s’écoule entièrement et facilement sur le marché de Fabidji. « La clientèle nous vient de Niamey, Doutchi, Balleyara et surtout du Nigéria », a signalé M. Dottia Ballé, un intermédiaire de la vente du natron. En période de production, une barre de natron se vend  de vingt (20) à vingt-cinq mille (25.000) francs. Par contre, en d’autre période, la même barre peut coûter de soixante (60) à soixante-dix mille (70.000) francs. « La cherté du natron varie selon besoin exprimé par la clientèle du Nigéria », a dit Dottia Ballé.

 

La production du natron est une activité économie locale rentable pour la population. Cependant, la précarité des conditions d’exploitation artisanale, le manque d’infrastructures permettant de moderniser la production constituent des défis à relever les autorités. Pour Seyni Moussa, « on peut sauver ou dynamiser production du natron en dotant les exploitants de matériels modernes, des infrastructures adéquates ». Cela permet de promouvoir l’économie des ménages, d’encourager les activités génératrices de revenus mettent les femmes et les jeunes à l’abri de l’oisiveté et du chômage en milieu rural.

Boubacar Hamani LONTO / Envoyé spécial