GOUVERNANCE : La refondation nationale comme acte de libération face à l’impérialisme (OPINIONS)


Nous avons aujourd’hui des dirigeants (Ndlr : Des pays de l’AES) qui ont fait le choix de ne pas se vendre pour bénéficier des acclamations occidentales. Ces patriotes, conscients des réalités profondes du pouvoir et des rapports asymétriques qui structurent nos relations avec les puissances occidentales, ne peuvent qu’être la cible de lynchages médiatiques, affublés de qualificatifs infamants et discrédités sur la scène internationale. Les médias occidentaux, largement soumis aux logiques du capitalisme, sont instrumentalisés pour construire des allégeances, orienter les opinions et légitimer un ordre mondial favorable à leurs intérêts.

Le capitalisme façonne d’abord les dirigeants occidentaux afin d’établir des normes juridiques, produire des lois et mettre en place des procédures qui protègent ses intérêts au niveau national. Ensuite, au plan international, notamment en Afrique, les mêmes puissances opèrent une sélection des leaders politiques qu’elles soutiennent pour accéder au pouvoir. Parallèlement, elles investissent dans certaines composantes de la société civile afin de constituer des contrepouvoirs présentés comme des garde-fous démocratiques, mais qui servent, en réalité, à préserver leurs intérêts stratégiques et les politiques qu’elles promeuvent sur le continent.

Ainsi se met en place un ordre international structuré, protégé par des cercles imbriqués de pouvoirs et de contrepouvoirs. Les investissements réalisés sous couvert humanitaire peuvent apparaître bénéfiques, mais ils ignorent souvent nos réalités sociopolitiques profondes. Leur finalité première demeure la perpétuation d’un ordre voulu et entretenu par le capitalisme et l’impérialisme, plutôt que l’émancipation réelle des peuples.

Notre principale force dans la lutte contre l’impérialisme réside d’abord dans une introspection lucide. Il s’agit de reconnaître nos faiblesses structurelles et de les transformer en leviers de renforcement à travers des actions concrètes fondées sur le patriotisme, le nationalisme éclairé, la cohésion sociale et l’unité nationale. Cela exige que nous nous défassions de certaines habitudes qui constituent de véritables nœuds de tares sociales : la personnalisation du pouvoir, la patrimonialisation des institutions publiques, le népotisme et la confusion entre intérêts privés et bien commun. Ces pratiques fragilisent l’État et réduisent l’administration publique à un héritage familial, au détriment de la compétence, de l’excellence et du mérite. Notre force devient alors une faiblesse lorsqu’elle est mal exploitée.

Le capitalisme, à l’instar de l’impérialisme, connaît des mutations spectaculaires. Il peut se présenter aujourd’hui comme un ennemi déclaré et, demain, adopter les traits d’un allié bienveillant. Il renforce désormais ses liens avec la jeunesse, dans le but stratégique de l’amener, à terme, à servir son agenda idéologique et politique. Cette capacité d’adaptation lui permet même d’entrer dans des phases d’hibernation tactique, en attendant des contextes plus favorables à son redéploiement. Il devient donc crucial de porter une attention soutenue à l’évolution de notre processus de refondation nationale, afin de mettre en œuvre des politiques publiques solides, constituant la charpente d’une véritable révolution politique, sociale et institutionnelle.

Le temps ne consacre que les actions fondées sur la vérité, les principes vertueux et une sincérité profonde. Là où le capitalisme repose sur la ruse et la domination silencieuse, la révolution puise sa force dans la vérité. Elle offre aux peuples la liberté, plutôt que l’aliénation sous des chaînes invisibles. La refondation nationale impose ainsi aux acteurs politiques, institutionnels et sociaux une exigence de sincérité réelle dans cette marche souveraine, condition indispensable à une émancipation durable.

Abdoulaye Idrissa James