GOUVERNANCE : De la démocratie colonisatrice à la souveraineté retrouvée : le réveil africain (Opinions)
La liberté revendiquée par la majorité des peuples africains constitue aujourd’hui une aspiration profonde. Elle est le résultat d’un constat amer : la souveraineté populaire a été confisquée par des dirigeants politiques davantage guidés par la logique de conservation du pouvoir que par celle du bien commun. Le cas du Bénin, à l’image de nombreux États africains, illustre une crise de confiance durable entre gouvernants et gouvernés. Des élites politiques ont instauré une démocratie de façade, sans travail réel de conscientisation citoyenne, tout en ouvrant leurs pays aux puissances étrangères qui exploitent les ressources naturelles au nom d’intérêts géostratégiques, avec la bénédiction de la « communauté internationale ».
En Afrique, la démocratie n’a pas été bâtie comme un outil d’émancipation populaire. Elle s’est souvent transformée en un instrument de domination, une démocratie colonisatrice qui instrumentalise les institutions publiques pour étouffer la critique constructive, fragmenter les forces sociales et consolider son hégémonie. En Afrique de l’Ouest, cette dynamique s’est longtemps articulée autour de l’influence française. À l’image du partage colonial du continent, les puissances occidentales parlent d’une seule voix lorsqu’il s’agit de l’Afrique, espace perçu à travers le prisme de la condescendance et du mépris civilisationnel. Pourtant, l’Afrique demeure le berceau de l’humanité, héritière d’une histoire plurimillénaire et de civilisations prestigieuses.
Dans ce contexte, l’irruption des militaires sur la scène politique est perçue par de larges segments des populations comme une rupture salutaire. Ces officiers, qui ne se réclament ni de la soumission ni de la compromission, apparaissent comme les porteurs d’une souveraineté retrouvée. Ils ne considèrent plus les citoyens comme un simple « bétail électoral », mais comme les copropriétaires de la nation. L’expérience des États du Sahel en offre une illustration : la prise de pouvoir par les forces armées y traduit une volonté collective d’affranchissement face au néocolonialisme persistant. Certes, les opinions demeurent partagées, notamment au sein des élites traditionnellement alignées sur l’ordre hérité de la colonisation. Mais les masses populaires, elles, aspirent de manière croissante à un vent de liberté et de dignité.
Car une vérité s’impose : la liberté constitue la plus grande des richesses. Les peuples sahéliens et africains aspirent à une souveraineté authentique, condition essentielle de leur fierté et de leur dignité d’existence. Un peuple privé de souveraineté réelle n’est plus qu’un instrument électoral, convoqué périodiquement pour légitimer un système néocolonial devenu international. La quête de liberté incarne ainsi le combat historique de l’Afrique pour redevenir pleinement maître de son destin.
Abdoulaye Idrissa James
