CCR| ALLOCUTION PRESIDENT CCR DE L’HONORABLE MAMOUDOU HAROUNA DJINGAREY PRÉSIDENT DU CONSEIL CONSULTATIF DE LA REFONDATION (CCR), CHEF DE CANTON DE SINDER À L’OCCASION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ACTN MARADI, DU 10 AU 12 DÉCEMBRE 2025
Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire,
Monsieur le Président sortant de l’Association des Chefs Traditionnels du Niger,
Monsieur le Gouverneur de la Région de Maradi,
Monsieur l’Administrateur Délégué de la Ville de Maradi,
Mesdames et Messieurs les Administrateurs délégués,
Honorables Chefs Sultans,
Chefs de Cantons, Chefs de Groupements, Chefs de Tribus, Chefs de Villages,
Distingués invités, mes frères dans la Tradition,
C’est avec un honneur profond et une joie sincère que je prends la parole en ce jour mémorable.
Nous sommes réunis ici, à Maradi, cité carrefour, terre de savoir-faire et de rayonnement culturel, pour une rencontre qui va bien au-delà d’une simple assemblée : nous sommes ici pour écrire une page de l’histoire de notre Nation.
À un moment où le Niger avance résolument sur la voie de la Refondation, nous, gardiens de l’héritage traditionnel, sommes appelés à jouer un rôle central, un rôle décisif, voulu et soutenu par Son Excellence le Président de la République, Chef de l’État, Chef Suprême des Armées, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, dont la vision éclaire le chemin de la refondation nationale.
La Refondation ne consiste pas à effacer le passé : elle le valorise, elle l’organise, elle le magnifie.
Depuis des siècles, avant même la naissance de l’État moderne, la chefferie traditionnelle fut la première administration, la première justice, le premier garant de l’ordre et de la cohésion. Nous avons géré les conflits fonciers, régulé la vie sociale, assuré la médiation et incarné l’autorité morale.
Encore aujourd’hui, dans les villages, les quartiers, les campements, la première institution à laquelle les populations s’adressent, ce n’est ni le tribunal ni un bureau administratif, c’est le Chef. Nous sommes les gardiens d’une paix silencieuse, mais indispensable.
Dans le contexte actuel de la Refondation, notre mission est claire : apaiser, prévenir, rassembler, orienter, refonder dans nos valeurs, dans notre identité, dans notre savoir-faire.
Permettez-moi de saluer avec force la vision du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), guidé avec patriotisme par le Général Abdourahamane Tiani.
Ce choix de replacer la chefferie traditionnelle au cœur de la gouvernance territoriale n’est pas un geste symbolique : c’est une décision stratégique, fondée sur la réalité du Niger et sur le rôle irremplaçable de la tradition dans la cohésion nationale.
Le Président de la République a clairement indiqué, à travers la Charte de la Refondation, que l’unité nationale ne se construit pas dans un seul bureau à Niamey : elle se construit dans les villages, dans les tribus, dans les cantons, au cœur des communautés.
Cette reconnaissance est historique. Elle consacre notre place. Elle honore nos ancêtres. Elle renforce la Nation.
Monsieur le Ministre d’État, Votre engagement pour la sécurité intérieure, la décentralisation et la stabilité sociale est un pilier essentiel de la Refondation. Votre proximité avec les réalités du terrain, votre écoute envers les chefs traditionnels, votre volonté de renforcer le maillage administratif et sécuritaire du pays, font de vous un acteur clé de cette nouvelle ère.
Sous votre leadership, la collaboration entre l’État et la chefferie traditionnelle s’est renforcée comme jamais auparavant. Nous saluons ici vos efforts constants pour clarifier, moderniser et valoriser le rôle de la chefferie, tout en préservant son essence.
Les défis sont nombreux :
* insécurité,
* pressions démographiques,
* conflits fonciers,
* urbanisation rapide,
* désinformation,
* extrémismes.
Mais à toutes ces questions, la chefferie apporte des réponses adaptées, enracinées, efficaces.
Les Assises nationales de 2025 ont montré que la stabilité du Niger se construit à partir des territoires. Elles ont recommandé de renforcer nos capacités de médiation, d’éducation et de prévention. Et c’est exactement ce à quoi nous nous engageons.
Le CCR est devenu un véritable carrefour d’idées, de sagesse et de propositions.
Il offre la coordination et la visibilité nécessaires pour que nous, chefs traditionnels, puissions continuer à :
* soutenir le développement local,
* accompagner les politiques publiques,
* prévenir les conflits,
* consolider la cohésion nationale.
Avec la Refondation, nous ne sommes pas des spectateurs : nous sommes des acteurs majeurs.
Dans un monde marqué par les tensions, les manipulations et les influences extérieures, la chefferie demeure un rempart. Nous incarnons la dignité, la loyauté, l’honneur. Nous avons le devoir de soutenir les institutions issues de la Charte de la Refondation, de protéger l’unité nationale et de défendre la souveraineté du Niger. Nous devons être la voix de la sagesse, la voix de l’équilibre, la voix de l’unité.Chers frères dans la tradition, Ce que nous déciderons ici doit renforcer le pays. Restons unis, solidaires, fidèles à notre mission historique.
Honorables Chefs, mes frères dans la Tradition,
Dans toute grande famille, il arrive que les avis divergent, que des incompréhensions apparaissent. Cela n’est ni une faiblesse, ni une menace : c’est la preuve que la vie est en mouvement. Mais ce qui fait la grandeur de la chefferie traditionnelle, ce n’est pas l’absence de tensions c’est notre capacité ancestrale à les dépasser, à les apaiser avec sagesse, à transformer les différences en force commune.
Depuis des siècles, nos ancêtres nous ont appris que lorsque les cœurs se crispent, le Chef ouvre la voie ; lorsque les paroles se heurtent, le Chef rappelle la mesure ; lorsque les familles se divisent, le Chef rassemble. C’est cette maîtrise, cette élévation, cette intelligence du lien que nous devons incarner aujourd’hui. Le peuple nous regarde. Non pas pour savoir qui a raison ou tort, mais pour voir si ceux qui portent ses valeurs les plus anciennes sont capables de montrer le chemin de la cohésion. Nos communautés attendent de nous un exemple : celui du consensus, de la retenue, du respect mutuel et de la vision partagée. Car si la tradition a traversé les siècles, c’est parce qu’elle a toujours mis l’unité au-dessus de l’orgueil, et l’intérêt collectif au-dessus des émotions du moment. Nos divergences d’aujourd’hui ne doivent pas devenir des barrières : elles doivent devenir une occasion d’avancer, de grandir, de renforcer ce qui nous lie.
C’est dans cette attitude calme, responsable, tournée vers le bien commun que réside notre véritable autorité morale. Et c’est ainsi que nous continuerons à guider nos communautés, comme nous l’avons toujours fait : avec dignité, avec mesure, et avec la certitude que l’avenir se construit par la main qui rassemble, jamais par celle qui sépare.
Et je veux terminer par cet enseignement, transmis de génération en génération : Sans la chefferie, l’État ne voit pas tout.
Sans l’État, la chefferie ne peut rien. Ensemble, nous assurons la paix, l’ordre et le progrès.
Je vous remercie.
