SOCIETE : Le rôle de la chefferie traditionnelle pendant la Refondation de la République


La Refondation nationale ouverte par la Charte ne remet pas en cause l’héritage institutionnel du Niger : elle l’ordonne, le clarifie et le renforce. Dans cette dynamique, la chefferie traditionnelle occupe une place singulière que nul autre organe ne peut remplacer : elle est la mémoire vivante, le relais social et la clef de stabilité des territoires.

1. Gardienne de la cohésion sociale et de la paix

La chefferie traditionnelle reste la première autorité de proximité :
– elle connait les communautés, les terroirs, les lignages, les sensibilités ;
– elle est le médiateur naturel dans les litiges fonciers, pastoraux, matrimoniaux ;
– elle prévient les conflits avant qu’ils ne deviennent sécuritaires.

Pendant la Refondation, son rôle est d’éviter les fractures, d’apaiser les tensions, et de maintenir l’unité des populations derrière l’État.

2. Relais direct entre les populations et les institutions

La Charte nationale de la Refondation place l’État au cœur de l’action. Mais aucune réforme n’a de succès si elle n’est pas comprise à la base. La chefferie traditionnelle :
– explique, vulgarise et légitime les réformes dans les villages et communes ;
– recueille les attentes et les préoccupations locales ;
– remonte les informations au niveau régional et national.

Elle devient le canal bidirectionnel : du peuple vers l’État, et de l’État vers le peuple.

3. Accompagnement des grands chantiers de la Refondation

Les axes actuels – souveraineté, sécurité, eau, éducation, agriculture, cohésion – exigent l’implication des chefs traditionnels.
Leur rôle est :
– accompagner l’installation des projets (forages, périmètres irrigués, écoles, centres de santé) ;
– faciliter la mobilisation des terres et des ressources ;
– soutenir le retour de la terre et l’autosuffisance.
– Ils contribuent à faire du développement local une réalité immédiate, et non une promesse abstraite.

4. Protéger l’identité, les valeurs et l’autorité morale

Dans un contexte de guerre informationnelle, de propagande et de fragilisation culturelle, la chefferie traditionnelle :
– incarne la dignité, l’honneur, la loyauté ;
– protège les valeurs du pays ;
– renforce le sentiment d’appartenance à la Nation.

Elle est le rempart moral contre :
– la dissolution sociale,
– l’extrémisme idéologique,
les fractures communautaires.

5. Soutien au pouvoir légitime et à l’unité de l’État

La Refondation n’est pas une alternance ordinaire. C’est une stabilisation nationale.
Les chefs traditionnels ont un rôle direct :
– soutenir les institutions légitimes issues de la Charte ;
– défendre l’unité et la souveraineté ;
– éviter toute dérive ou tentative de fragmentation du territoire.
Leur rôle est de rappeler que l’État reste un et indivisible, au-dessus des clivages partisans.

6. Canalisation des émotions collectives
Dans une période de profonde transformation, les populations peuvent :
– se sentir bousculées,
– craindre le changement,
u écouter des discours de peur.

Les chefs traditionnels sont les régulateurs émotionnels : Ils rassurent, expliquent, pacifient, fédèrent. Ils transforment l’inquiétude en adhésion, la colère en compréhension, le doute en confiance. Pendant la Refondation, la chefferie traditionnelle n’est pas décorative. Elle n’est pas folklorique. Elle n’est pas résiduelle. Elle est centrale, fonctionnelle et indispensable. Sa mission essentielle est : Consolider l’unité nationale par la proximité, la parole et l’autorité morale. L’Association des Chefs Traditionnels du Niger (ACTN), la plus vieille et la plus respectée, se réunit à un moment clé.  Ces assises doivent : clarifier la contribution de la chefferie dans la Refondation ; adopter une position commune et forte ; soutenir les institutions légitimes ; réaffirmer leur rôle de pilier de stabilité et de cohésion. Elles sont l’occasion de rappeler que : Sans la chefferie, l’État ne voit pas tout. Sans l’État, la chefferie ne peut rien. Ensemble, ils assurent la paix, l’ordre et le progrès.